Isabelle Flaten – « Chagrins d’argent »

En voilà une infidélité au catalogue Quidam extrêmement plaisante et qui renforce mon envie de me concentrer sur tous ces petits-grands éditeurs moins connus et d’une telle qualité (ici les éditions le Réalgar).

Dans le livre « Chagrins d’argent », j’étais une petite puce sautant d’épaule en épaule ou peut-être une caméra fondant sur un personnage puis sur son voisin, son ami ou sa banquière et ainsi de suite. Je passais de l’un à l’autre et plongeais dans leur vie, leur âme et surtout leur rapport à l’argent. Un rapport humain, très humain, viscéral même et si juste…

Aviez-vous compris à quel point j’aime la justesse ? Celle de ces auteurs qui parviennent à rendre compte des subtilités de nos esprits tourmentés, de la complexité humaine, de la profondeur de nos sentiments et de notre psyché comme s’ils habitaient à l’intérieur de leurs personnages, comme s’ils étaient chacun d’eux. Oui, c’est aussi cela être écrivain, je sais ! Mais tous n’ont pas le même talent, la même… justesse ! Et quand c’est le cas, ça m’épate… toujours… et c’est gai et doux d’être émerveillée ! Et puis, cela rend ces êtres de papier tellement touchant même dans leur pire travers… Voilà, encore un livre qui ouvre le cœur aux autres et à leurs « défauts » !

Isabelle Flaten nous parle donc des rapports que nous entretenons avec l’argent, plutôt variés ces rapports et presque toujours torturés, malsains. On voit cet argent qui travestit tout, qui se met entre nous et les autres, entre nous et nous-mêmes, entre nous et la vie… Même si ne pas en avoir est, par certains côtés, plus douloureux, qu’on en ait ou pas, il pose problème cet argent…

« Depuis bien longtemps elle a compris qu’avec ou sans le sou ce n’était pas pareil, et elle a choisi d’être du bon côté des choses, là où tout va de soi ; il suffit d’allonger les billets et plus personne ne bouge, le souffle suspendu au froissement du papier vers le plaisir. »

Enfin, il y a les relations entre toutes ces âmes torturées, nos relations humaines plus ou moins heureuses, des plus simples au plus complexes toutes teintées de nos petites névroses.

« Et comme souvent le soir les choses tournent en rond, chacun dans sa tête, prêtes à en sortir, il suffit d’un rien, d’un souffle de travers ou d’un œil en biais, pour qu’elles dévissent et se cassent la figure sur l’autre, toujours là où il ne faut pas, à faire des histoires pour n’importe quoi. »

Alors, merci Isabelle Flaten pour cette plongée dans l’humain et pour la découverte de votre plume ainsi que des éditions le Réalgar !

Isabelle Flaten, « Chagrins d’argent », Editions le Réalgar, 2016

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